LYDIA TABARY                                                                                           REALISATION   pour le collège Roqua à AUBENAS (07) - 2008-2009

Aubenas (07) - 2008-09 - P 1


Titre « ORIENTATION »


(Rénovation - Cabinet Tam-Tam architecture - JC Bruno)


L’étymologie du terme révélant un parallèle constant entre orientation géographique et cursus individuel, j’ai cherché le moyen de convoquer l’imaginaire de chacun autour de l’ambiguïté perceptive et réflexive du terme Orientation.


Le projet « Orientation » conçu pour s’intégrer à l’architecture du bâtiment, est composé de trois parties complémentaires fonctionnant en synergie et sises en trois lieux. Son objet est de favoriser le dialogue entre les élèves d’une façon ludique, de souligner le rapport entre l’intérieur et l’extérieur du collège et de déconcerter nos repères.


Premier élément : dans le patio fermé à tout horizon mais ouvert sur le ciel, je propose de voir l’extérieur de l’intérieur, par l’implantation, sur les espaces végétalisés, de 4 groupes de potelets en bois recouverts d’une plaque d’inox miroir et représentant chacun une commune du bassin de population du collège. Chaque groupe étant parfaitement orienté (N, S, E ou O), toutes les communes sont matérialisées deux fois (au sud OU au nord, ET à l’ouest OU à l’est) et prennent place autour de la commune d’Aubenas où se situe le collège (potelet plus gros que l’on retrouve 4 fois), avec l’orientation et les distances exactes ramenées à l’espace du patio.

Chaque potelet porte un numéro dont la couleur fait écho à la distinction entre les 4 bâtiments carrés du collège (A, rose/ouest – B, rouge foncé /nord – C, rouge clair/est – D, orange/sud).

Avec cette installation, chacun peut voir en se plaçant en face du potelet Aubenas qui sert de repère, et selon la direction choisie, l’ensemble des communes situées derrières les murs, et observer que la position de chaque commune relativement aux autres, varie selon le point de vue adopté.

Les potelets sont visibles du rez-de-chaussée comme des étages et reflètent le ciel et l’environnement paysager et bâti de proximité, avec une intensité qui varie selon la position du soleil, la lumière ambiante et le lieu d’où l’on regarde.


Néanmoins, l’identification des communes demande un effort...

Deuxième élément : le pilier du secteur vie scolaire porte l’affichage du code explicatif de la représentation des communes (nom et numéro de chacune) telles qu’elles apparaissent sur les deux autres parties de l’œuvre. Le pilier carré, dont chaque face est précisément orientée, offre la clef de lecture des deux autres interventions. Aubenas, qui comprend le collège, se situe en bas de chaque face.

Pour regarder les villes situées au sud du collège, il faut se placer du côté nord du pilier. Les noms des communes sont inscrits de bas en haut, la plus éloignée se situant en haut.

Ainsi, le pilier est comme une fenêtre ouvrant sur un espace : il n’y a plus de mur.

Quand on regarde vers le Sud ou le Nord, des décalages vers la droite ou la gauche évoquent les différences longitudinales (Est et Ouest). Quand on regarde vers l’Est ou l’Ouest, les décalage indiquent les différences de latitude (Nord et Sud).


Comme pour l’installation du patio, chaque commune se retrouve sur deux des panneaux du pilier : au nord et à l’est ou l’ouest ; au sud et à l’est ou l’ouest ; à l’est et au nord ou au sud ; à l’ouest et au nord ou au sud. Mais de surcroît, la face Est ne se trouve pas à gauche de la face sud, mais au contraire à sa droite (et ainsi de suite) : rien à voir avec une carte....

Selon l’orientation du regard, les communes disparaissent du panneau ou changent radicalement de place. Les élèves peuvent ainsi s’interroger sur ce qui semblait évident et qui ne l’est pas et aller voir dans le patio, avec le nom des communes et leurs numéros, comment marche cette affaire d’orientation.

Entre deux (les matériaux choisis sont là pour cette autre dimension), chacun peut éprouver le plaisir de découvrir plein d’autres choses, très éphémères : les reflets estompés de diverses personnes, les variations de lumière, la présence de la végétation extérieure à l’intérieur...


Troisième élément : dans l’escalier de la SEGPA, la descente permet de regarder en face, et la montée appelle à se retourner vers la lumière. Sous la fenêtre donnant à voir le ciel, un miroir sombre (inox ti-black) avec une silhouette morcelée au centre, reflète tout ce qui se meut. Cette silhouette représente une véritable carte des communes dont chacune est numérotée. Mêmes numéros que dans le patio et sur le pilier. Mais ici, le tableau n’est pas vraiment orienté : on peut observer que le nord conventionnellement indiqué pour lire la carte n’est pas le nord réel inscrit plus à gauche. La présence de cette carte miroir met en valeur les jeux de lumière sur les ombres qui passent et interroge les repères.


Les enjeux

Construit comme un jeu, ce travail ne peut être compris sans une certaine réflexion de la part des usagers du collège, ce que suggère l’emploi de matériaux réfléchissants.

S’appuyant sur une réalité conjoncturelle (bassin de population actuel du collège), il renvoie à un espace-temps donné et à ce titre peut, sans perdre son sens, devenir un point de repère invitant à la projection imaginaire ultérieure d’autres espaces non visibles.


S’il utilise le cadre géographique, ce travail peut introduire une interrogation plus large sur la manière dont certains codes que nous utilisons d’une façon rationnelle peuvent, hors de leur contexte habituel, stimuler notre imaginaire, ouvrant la voie à d’autres représentations du monde.

Réalisations  2005 - 2009  - 3 pagesCP_-_Realisations_2005-2009.html