LYDIA TABARY                                                                                         PROJETS PROPOSES  - Pour la Médiathèque de TULLE (19) - 2009

Projets proposés  2006 - 2009  - 9 pagesCP_-_Projets_proposes_2006-2009.html

Tulle 2009 - page 9

Projet pour la Médiathèque intercommunale du pays de Tulle - janvier 2009

Architecture François Guibert


Attentive au rythme respiratoire des villes et à la manière dont les équipements culturels dynamisent les espaces sociaux, j’ai apprécié l’architecture de la future médiathèque intercommunale, à la fois respectueuse de l’environnement social et naturel et de l’histoire humaine du quartier de la gare.

La commande portant sur l’aménagement d’une grande partie du vaste patio central (350 m2) dans lequel devait s’intégrer une installation lumineuse, je me suis orientée vers un travail permettant de relier symboliquement les deux espaces de communication que représentaient la médiathèque et la gare.

De forme oblongue, en position centrale, transparent et à ciel ouvert, le patio constituait une allée de jonction entre les pôles d’activité nord-ouest et sud-est de la médiathèque. Repère d’orientation et espace de dialogue entre intérieur et extérieur, il répondait à des besoins individuels et collectifs fondamentaux. Toutefois, chacune de ses extrémités étant dotée d’une terrasse aménagée, sa longue partie centrale s’imposait davantage comme un espace de circulation ou de spectacle que de repos, de réflexion et de rencontre. La recherche d’un meilleur équilibre, m’a conduite à concevoir une installation lumineuse qui ne serait pas un objet à regarder, mais qui, intégrée dans un ensemble aménagé, animerait et humaniserait cette zone, pour en faire un espace accueillant, invitant à la rêverie plus qu’au parcours, à l’intimité plus qu’à la parade.

Sur ces bases, j’ai proposé un travail simple qui renvoyait conjointement, par la mise en relation de divers éléments, à l’architecture du bâtiment, à l’histoire du quartier et de la ville, et à la vocation intercommunale de l’établissement, sans négliger l’apport d’un certain confort matériel et visuel pour les usagers.

Ma proposition reposait sur la symbolisation de deux voies ferrées (clin d’œil à l’histoire du quartier), l’une situé au milieu du patio et reliant les deux terrasses, l’autre la croisant en son centre mais précisément orientée nord-sud (repère dans l’espace, en relation avec l’extérieur du bâtiment).

Ces voies ferrées devaient se matérialiser par un béton désactivé gravillonné (ballast) et des plaques de lave émaillée d’environ 125 x 25 cm (traverses reprenant le rythme des ouvertures irrégulièrement inclinées de la façade nord-est et les couleurs dominantes du patio - murs et toitures visibles).

Les traverses de la voie centrale, numérotées de 1 à 36 (réserve dans l’émail) pour évoquer les 36 communes de la communauté de Tulle, renvoyaient à un tableau situé à l’intérieur du bâtiment où figurait leurs noms (ordre alphabétique).

Des éclairages longs (100 cm) encastrés dans le sol béton formaient des rails lumineux, laissant voir, de jour comme de nuit, les voies et orientations et invitant à découvrir par un  cheminement linéaire, les structures de repos.

Le patio était ainsi divisé en quatre parties inégales (sol en béton coloré dans la masse) dont les deux plus grandes accueillaient chacune une structure en béton. Les bords supérieurs de ces structures, recouverts d’inox miroir, reflétaient selon l’heure de la journée : la végétation et le ciel, ou les lumières.

Chaque structure comportait :

-deux bacs destinés à recevoir de la terre végétale et des plantations arbustives persistantes, séparés par

-une fontaine, ou plus exactement une fausse source (bruit d’une eau non accessible), fonctionnant en circuit fermé. Celle-ci était recouverte d’une grille à mailles rondes ou polygonales en inox (évocation du tulle en rapport avec l’histoire artisanale de la ville). Elle comportait un spot interne orienté de façon à ce que l’ombre du tulle soit projetée sur l’espaces mural voisin du bac.

-un banc en béton poli (pour le confort) décoré de plaques de lave émaillée, prolongement des traverses situées juste en face de celui-ci (liaison abstraite).

Ces structures, dont la forme rappelait celle des terrasses, étaient éclairées par des projecteurs orientables encastrés dans les bacs et par des lumières longues (pour leur extrémité la plus large).

Jardinets poétiques ressourçant, au sens propre (la source) comme au sens figuré, sculptures mouvantes renvoyant leurs lumières et leurs ombres dans le patio et sur les murs, lieux de repos et de rêverie (bancs), elles animaient et éclairaient le patio et la croisée des chemins (voies), se donnant à voir de manière toujours différente, de tous les espaces intérieurs de la médiathèque.

Faisant appel à l’histoire comme à l’imaginaire, ce projet pouvait servir à la fois l’architecture et l’espace social.