LYDIA TABARY PROJETS PROPOSES - Pour le lycée Victor Hugo à LUNEL (34) - 2007
LYDIA TABARY PROJETS PROPOSES - Pour le lycée Victor Hugo à LUNEL (34) - 2007
Lunel (34) 2007 - page 5
Séquence n°3 : 4 panneaux de verre de 3,37 x 1,50 m, répartis 2 par 2 sur deux baies séparées par les éléments de structure de la façade.
Une même représentation dont la signification s'inverse selon que l'on regarde de l'intérieur ou de l'extérieur du bâtiment : de l'extérieur, l' espace social s'étrécit avec l'âge et l'étiolement des réseaux (sens de lecture présenté) ; mais de l'intérieur, il s'élargit entre l'enfance et la maturité (l'être humain s'ouvre progressivement au monde et s'intègre à la société). Possibilité de recours à diverses espèces d'arbres pour évoquer la multiethnicité du public de l'établissement et de la population en général. L'absence de racines et de feuillage replace l'individu, hors histoire collective ou individuelle, sur le terrain de l'espace-temps présent, celui de la rencontre, de l'échange, du lien social. En fond, toujours les mêmes raies obliques reliant les diverses séquences de l'œuvre. Chiffre 4 : structure (carré), orientation (points cardinaux), universalité, multiplicité des cultures. Importance symbolique de la forêt dans les contes (on s'y perd pour trouver sa propre voie). Les quatre éléments (air, terre, eau, feu), nous rapprochent de la nature. Les 4 fondements de la psyché humaine selon Jung : la sensation, l'intuition, le sentiment et la pensée qui (dans cet ordre) se révèlent à notre conscience.
Séquence n°4 : 2 panneaux de verre de 3,37 x 1,50 m, répartis sur 1 baie encadrée par les éléments de structure de la façade.
"La nature est la grande lyre, le poète est l'archet divin" Victor Hugo
Dans cette dernière séquence, comme dans les précédentes, la nature est présente en tant que substitut de l'être humain. Le pin, et les 2 palmiers évoquent les trois filières d'enseignement (général pour le premier, prof. industrie et prof. services pour les seconds). La représentation d'espèces différentes renvoie à la diversité des enseignements mais on peut aussi l'interpréter en terme de cultures distinctes.
Les raies obliques orientées inversement dans les deux panneaux, se croisent ici à leur jonction pour souligner les possibilités de communication entre les filières ou cultures, ce que signale aussi le débordement des feuillages qui se mêlent les uns aux autres, en augmentant leur opacité respective.
Nous vivons dans un monde où la transparence ne peut s'obtenir que par l'effort et la lutte : pour la laïcité, le respect des différences, la tolérance, l'égalité des chances, la liberté d'orientation, la communication, et contre les exclusions de tout ordre.
Ci-contre vue de l'intérieur des 8 panneaux de la séquence n°1.
Le paysage extérieur demeure visible et nous retrouvons projetées au sol par la lumière naturelle, l'ombre des dessins et de la structure de façade.
Ci-contre vue de l'extérieur des 6 panneaux de la séquence 2. L'architecture intérieure du bâtiment et les personnes qui se trouvent dans les locaux demeurent visibles.
PROJET pour le Lycée Victor Hugo à Lunel (34) - Région Languedoc-Roussillon - 2007 - Architecture Pierre Tourre et Serge Sanchis
Sur la base du programme de la commande j’ai envisagé une œuvre multiple en verre qui se substituerait à certains panneaux des baies vitrées de façade, situées en partie basse. L’œuvre devait être totalement visible et lisible de l’extérieur comme de l’intérieur, et laisser voir en transparence l’architecture et la vie internes, comme les spécificités paysagères et la vie externes (relation intérieur/extérieur forte respectant les partis architecturaux).
Elle était composée de plusieurs séquences d’inégale importance, qui, placées en des endroits précis permettaient de rythmer la façade (170m de longueur), en fonction du jeu des transparences entre le devant (espace citadin) et l’arrière (rue intérieure du lycée).
Ces séquences pouvaient occuper dans leur ensemble de vingt à trente baies. Certaines pouvaient prendre place en façade, d’autres sur la rue intérieure. Chaque séquence présentait plusieurs panneaux contigus (de 1 à X), mais pouvait être séparée des autres par une ou plusieurs baies de vitrage normal. Des liens ténus entre les séquences étaient envisagés. Chaque panneau pouvait n’être traité que sur une partie de sa surface verticale (environ 240 cm / 337 cm), avec des vitrages plus ordinaires mais en continuité avec certains aspects de l’œuvre, en haut et en bas (aisance pour la réalisation technique et la maintenance).
Le moteur de cette disposition en séquence n’était pas seulement l’architecture du bâtiment. Chez Victor Hugo, le mouvement, la dynamique, comptent aussi. L’écriture prolifère à partir du milieu, centre d’une expansion, et le dernier vers (dans ses poésies) est souvent l’amorce d’un commencement. L’idée de cycle est présente. Il peut donc y avoir un noyau générateur d’une prolifération d’autres séquences plus petites. Par ailleurs, nous retrouvons nombre de fragments, mais toujours cohérents et reliés les uns aux autres dans une même œuvre. Les images sont aussi travaillées, jusqu’à une pertinence visuelle pour le lecteur. Bref, l’écriture de Victor Hugo justifiait également cette approche séquentielle.
Les thèmes abordés évoquaient principalement la vie et l’éducation (thématiques chères à l’écrivain). Ils étaient traités de façon symbolique en référence à la nature et particulièrement aux arbres (lyrisme romantique de V. Hugo et référence à l’environnement paysager du lycée).
Chaque séquence illustrait un thème particulier, complémentaire des autres, et dans cette optique, je souhaitais associer les enseignants et lycéens à la réflexion (démarche d’appropriation). Les esquisses jointes évoquaient quelques thèmes possibles, mais la liste n’en était pas close, et le mode de représentation (j’ai opté pour les arbres et notamment le chêne vert) n’était pas non plus définitivement arrêté.
Sur le plan technique, je souhaitais une œuvre totalement transparente, avec des zones plus claires que d’autres (les dégradés des raies obliques) et des dessins d’arbres plutôt précis, blancs et laissant plus ou moins passer la lumière en fonction des superpositions.
Deux plaques de verre épais, l’une portant les raies et l’autre les dessins, assemblées en vitrage isolant et donc traitées sur leur face interne, convenaient. Le verre feuilleté était destiné au dépoli à l’acide (raies) et l’autre, trempé, aux dessins demandant une cuisson (sérigraphie, émaux, ou grisaille blanche).
Séquence n°1 : 8 panneaux de verre de 337 x 150 cm, répartis 2 par 2 sur quatre baies séparées par les éléments de structure de la façade.
Évocation de la vie humaine (quatre générations) symbolisée par l'arbre (valorisation de la nature). Choix du chêne vert en écho à la végétation présente sur le site (grand bosquet à l'ouest). Raies d'ombre et de lumière de dimension et d'intensité variables, rappelant les brise-soleil ; travail de la transparence en plusieurs couches ( intégration à l'architecture). Plus claires en haut qu'en bas, ces raies évoquent aussi l'ouverture de l'esprit par l'éducation (acquisition de connaissances, socialisation) et créent un mouvement dynamique entre les 8 panneaux. Chiffre 8 : équilibre, orientation (cardinaux), infini (8 couché) ; marque d'un achèvement, annonce du renouvellement d'un cycle.
Séquence n°2 : 6 panneaux de verre, de 3,37 x 1,50 m, répartis 2 par 2 sur trois baies séparées par les éléments de structure de la façade.
Charpente d'une feuille de chêne vert représentant la cartographie d'un espace structuré par des rues (relation au quartier) ou des couloirs de communication. D'autres feuilles de chêne vert, plus petites et moins transparentes, symbolisent des individus qui entrent en relation par ces voies (nervures). La circulation de la sève irradie depuis un axe central oblique dont l'orientation est contraire à celle des raies du fond. La clarté plus grande à gauche renvoie à l'innocence et à l'ignorance primitives qui se perdent dans le rapport au collectif, par la maturation individuelle et les influences sociales. Les raies obliques, orientées dans un seul sens, soulignent le cheminement de l'individu qui s'intègre à la société et créent une cohérence avec les autres séquences de l'œuvre. Les petites feuilles, plus opaques, renvoient à la préservation des personnalités et cultures individuelles, mais sont structurées à l'identique (points communs de tous les êtres humains). Certaines restent dans l'axe tandis que d'autres s'en écartent jusqu'à sortir des voies tracées ( variété des comportements sociaux). Chiffre 6 : parcours de mise à l'épreuve de la vie où il faut faire des choix ; maturation du corps et ouverture aux autres, à la rencontre.