LYDIA TABARY PROJETS PROPOSES - Pour le bâtiment des Archives Historiques de la Nièvre - NEVERS(58) - 2006
LYDIA TABARY PROJETS PROPOSES - Pour le bâtiment des Archives Historiques de la Nièvre - NEVERS(58) - 2006
PROJET pour le bâtiment des ARCHIVES HISTORIQUES de la Nièvre - NEVERS (58) - 2006 - Architecture Patrick Mauger 75011 Paris
Avec l’idée d’animer le béton, j’ai élaboré un projet qui, faisant appel à nos représentations de la nature, pouvait accentuer le souffle aérien de la façade de verre du bâtiment, en donnant à l’horizontalité de l’ensemble une aspiration verticale naturelle. Les arbres, ou plutôt leurs simulacres formels, permettaient d’orienter et de libérer la respiration totale du bâtiment : il n’était plus enserré entre deux masses de béton, deux murs cloisonnant, mais conduit à s’élever par des lignes de forces que l’on retrouvait à l’arrière (idée de forêt).
Le choix de l’arbre était en relation directe avec la vocation du bâtiment. Les documents archivés ont été jusqu’à ce jour, faits de papier issu des arbres. Ils témoignent également de l’Histoire, comme la verticalité de l’arbre, et sa lenteur à pousser évoquent l’idée du temps et des couches accumulées de vies et de savoir. De la symbolique de l’arbre, j’ai retenu l’idée de liaison, de passage, de transition, entre hier et demain, avec pour seul appui du regard, le tronc qui laisse les racines et les frondaisons (absentes) s’épanouir là où chacun veut les voir, en haut ou en bas, selon son humeur ou sa sensibilité.
Ce qui est donné à vivre de façon quotidienne et fonctionnelle peut passer inaperçu, n’être pas conscientisé. Les troncs des arbres vivant au rythme de la lumière, sombres de jour, clairs et juste esquissés de nuit, pouvaient renvoyer une perception décalée de ce qui était à l’extérieur et à l’intérieur du bâtiment, situant celui-ci dans un contexte d’histoire et de nature.
Mon souci étant de ne pas perturber l’existant, de ne rien « ajouter » qui ne puisse aisément s’intégrer à l’ensemble construit et à l’environnement, je souhaitais que ma proposition apparaisse comme une couleur, une odeur, une invitation à pénétrer et à vivre dans ces lieux d’étude et de rêve, source de découvertes et de projections sur le passé comme sur le futur.
Compte tenu de la dimension des murs, il m’avait semblé intéressant de réaliser le tracé des arbres en peinture : les masses avec des couleurs opaques dans des tons gris bleus ou gris verts plus ou moins foncés, et les contours d’une couleur très claire, proche de celle du béton, mais fluorescente afin que ceux-ci soient visibles de nuit.
J’avais initialement songé à la faïence, en écho à l’histoire de Nevers, mais le coût de réalisation et d’entretien de l’œuvre, ainsi que la présence des portes (3 de chaque côté) m’ont incitée à opter pour la peinture. Avec un traitement pictural spécifique, les portes disparaissaient dans la masse des troncs d’arbres, ce qui évitait les ruptures visuelles et garantissait la cohérence et le calme de l’ensemble. La matière picturale pouvait être veloutée ou au contraire heurtée, selon le support et l’effet recherché in situ.
D’autres matériaux étaient envisagés, notamment la tôle émaillée qui aurait pu donner d’excellents résultats diurnes et nocturnes.
Nevers 2006 - page 1