LYDIA TABARY                                                                                                                                                TEXTES LIES A UNE PERIODE

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La peinture numérique comme mémoire à l’oeuvre


Mes premières images associaient des trames irrégulières mais structurantes, et des masses librement morcelées à connotation figurative.


Depuis deux ans, avec les séries intitulées “Portraits de chercheurs”, “Actualités” et “Images mythiques”, j’ai substitué à la relation entre les trames et les masses, des superpositions et des transparences qui enrichissent mon propos sur l’espace et le temps.


Je procède par couches, en associant plusieurs travaux réalisés indépendamment les uns des autres mais conçus pour fonctionner ensemble, chacun apportant une dimension particulière à l’image finale. L’image se charge ainsi, d’éléments sensibles, culturels et contextuels complémentaires ou contradictoires, qu’elle mémorise en quelque sorte dans son épaisseur.

Pour chaque sujet traité, tout cela se mêle, s’aplatit pourrais-je dire, au sens propre (technique) comme au sens figuré. Mais, c’est aussi la mémoire du processus de travail qui se trouve prise au piège de l’aplatissement : visible, perceptible, mais impalpable, désincarnée.


La série « portraits  de chercheurs » repose sur l’association d’un visage (une identité), que je crée en général à partir de multiples photographies, et d’une reproduction d’œuvre (antérieurement créée par la personne portraiturée) que je retravaille sur l’ordinateur. L’image finale représente ainsi, littéralement, une double image du sujet qui mêle la personne physique et une interprétation de ce qu’elle a conçu.


Celle des « actualités »  traduit  une  façon  d’éprouver (ressentir et mettre à l’épreuve) des faits sociaux relatifs à l’actualité internationale. L’expression de ces «  sentiments réactifs  » face aux contextes sociaux actuels, passe par la mise en scène de corps (ou morceaux de corps) dont les déformations et l’intégration dans des environnements déplacés ou totalement imaginaires qui les dénaturent, imposent une distance à l’égard de tout réel référent. L’image résultant de ces traitements et associations offre un paysage fictif, une vision globale déréalisée que chacun peut alimenter avec ses propres projections.


Enfin, celle de l’ « imagerie mythique »  jongle avec un corpus inépuisable de références culturelles (représentations artistiques puisées dans l’histoire de l’art, notamment), pour donner à voir de façon critique ou humoristique, mais simultanément, la double image d’une idée qui circule à travers les siècles : celle du passé (ou d’un moment du passé) et celle du présent. Le jeu consiste ici à dévoyer les significations en n’interprétant que partiellement, forme et contenu. Le référent demeure identifiable, mais son sens est déplacé.


2002 - Lydia Tabary

Peintures numériques 2001 - 2002Peintures_numeriques_2001_-_2002_.html

La peinture numérique comme mémoire à l’oeuvre - 2002