LYDIA TABARY                                                                 PROJET   concours pour le groupe scolaire dit Monmousseau à ARCUEIL (94) - 2009

CONCOURS 2008 - 2009  - 2 pagesCP_-_Concours-_2008-2009.html

Arcueil (94) 2009 - P 1

Titre : "Inclusion"


(Construction Cabinet TOA Architecture Associés)


Pour le groupe scolaire dit Monmousseau, il s’agissait de créer un lien entre les deux écoles maternelle et élémentaire. Dans le respect de ma proposition initiale basée sur l’idée de réseau et en intégrant les contraintes architecturales et techniques, j’ai opté pour la création d’une œuvre multiple composée de deux structures et sept vitraux : les premières sur le parvis et les seconds dans l’escalier.

Le projet pour Arcueil, qui a malheureusement été classé en seconde position et ne sera donc pas réalisé, était cependant exemplaire en ce qui concerne ma démarche.


Démarche artistique

Dans le cadre de commandes publiques, je ne cherche pas à imposer un style de travail que j'adapterais aux lieux.

Ma démarche consiste au contraire à observer et analyser les caractéristiques du “terrain” afin de créer une œuvre qui soit directement inspiré par le contexte et qui puisse de façon métaphorique, par la transposition de certaines composantes de la réalité en éléments plastiques, souligner, révéler voire même tisser des liens entre des éléments de natures différentes dont les relations ne sont pas immédiatement perceptibles.

Outre l’application de cette méthode “inductive” de travail (reliquat de mon expérience ethnologique), je cherche tout aussi systématiquement à établir une communication entre l’intérieur et l’extérieur, entre le lieu ciblé et son environnement : c’est pour moi une façon de replacer l’être humain au centre du propos en rappelant que la construction individuelle passe par un va et vient constant entre soi et le monde et que la création n’existe que dans une mise à l’épreuve permanente de cette relation réciproque.


Le choix des données qui seront transposées pour faire sens résulte donc de la prise en considération de la fonction du lieu, de ses qualités architecturales et des caractéristiques de son environnement naturel, social (dont la spécificité de son public) et bâti. Je travaille le plus souvent sur les liens avec le territoire (espace rural ou tissu urbain) et sur les éléments naturels ou culturels qui les  caractérisent ou marquent leur histoire.


Configuration et sens de l’œuvre Inclusion


Attachée à l’idée de cette communication entre intérieur et extérieur et soucieuse de créer une œuvre qui touche à la fois la sensibilité de très jeunes enfants et celle des adultes, je me suis orientée vers une forme et un motif qui puissent faire sens dans les deux lieux (le parvis et l’escalier) tout en apportant à chacun d’eux une dimension poétique et réflexive en regard de l’environnement naturel et social comme du développement durable.

Les deux structures sur le parvis représentent le signe de l’inclusion (théorie des ensembles). Elles symbolisent par leurs dimensions les deux écoles. La grande, ouverte vers l’école maternelle et la petite vers l’école primaire, s’invitent mutuellement au dialogue. Leur orthogonalité rappelle la configuration du bâtiment.

Leur position décalée permet de définir un espace commun  (intersection) visuellement circonscrit par leurs montants respectifs mais qui se modifie en fonction du point de vue. Elles présentent des motifs similaires mais de couleurs différentes (voir ci-contre).

La superposition des couleurs à distance fait apparaître, dans l’espace d’intersection, une troisième couleur absente mais visuellement présente (orange sur les dessins) qui évoque la dimension commune aux deux écoles (le groupe scolaire).

L’ambivalence du motif (feuille ou arbre) renvoie à l’idée de nature et illustre un réseau. Partagé verticalement en son milieu (nervure centrale ou tronc), il comporte deux parties complémentaires alimentées par un axe distributeur. Cette structure évoque immédiatement le quartier avec la rue du Général de Gaulle qui sépare et réunit à la fois, les 2 écoles. Les nervures–branches, inégalement réparties de chaque côté de cette épine dorsale (asymétrie) donnent une image vivante du réseau humain gravitant autour du groupe scolaire, et leur croisement par superposition dans l’intersection donne l’image d’un espace collectif favorisant les échanges.

Pour l’escalier dit “à la Chambord” (2 escaliers enroulés autour d’un même mur central), j’ai opté pour le traitement de 7 baies à vitrage fixe réparties sur trois niveaux. La reprise du motif des structures du parvis se justifie pour souligner le lien entre extérieur et intérieur, mais également pour accompagner sereinement et joyeusement le parcours des élèves vers les divers espaces et étages.

L’œuvre compose avec les marches à gravir pour se rendre en cours : les formes (inclusion) sont ouvertes vers l’escalier que l’on va emprunter. Au dernier étage, où trois baies en enfilade sont visibles de 4 lieux (2 couloirs et 2 escaliers) de façon différente, la forme inclusive est absente, laissant la place aux effets visuels créés par la superposition horizontale des couleurs (primaires) et des motifs (forêt) invitant les enfants à la rêverie et à une réflexion ludique.

Les couleurs secondaires se répartissent logiquement dans les strates inférieures des escaliers afin de caractériser chacun d’eux (repères spatiaux) : en clin d’œil au climat, j’ai choisi des couleurs froides dans l’escalier Sud et des couleurs chaudes dans l’escalier Nord.

Le jeu, le rêve et le respect de la nature sont au centre de ce projet. Fonctionnant en harmonie avec l’architecture dont il souligne les aspects les plus particuliers (on peut repérer la forme inclusive sur la façade du bâtiment), il offre aussi une multitude de pistes de réflexion et de travail avec les enfants.

Eléments techniques

L’idée du développement durable intègre celle du dialogue et de la transparence : dialogue entre les composantes matérielles et humaines du territoire considéré, transparence des démarches dans la recherche d’une harmonie. Il m’a donc semblé intéressant de choisir des techniques et matériaux porteurs de ces dimensions et susceptibles de créer des liens entre les deux espaces à traiter, le parvis et l’escalier.

Les structures du parvis devaient être réalisées en cèdre (en écho au bosquet contigu au groupe scolaire et pour les qualités de ce bois qui respire et évolue avec le temps), en acier inoxydable (cadre et chandelle) et en verre trempé (sécurisé par un double vitrage feuilleté). Les vitraux des escaliers étaient également prévus en verre trempé sécurisé par un double vitrage feuilleté dont un verre coupe-feu.

Les motifs devaient être être réalisés suivant le principe de la peinture sur verre : des émaux et céments pour colorer le verre en grands aplats ; des pochoirs en vinyle et un pistolet pour les dessins d’une grande finesse préalablement esquissés en dimension réelle (1/1).

Usage de techniques alliant la tradition et la haute technologie, et de matériaux sans danger pour l’environnement ni la sécurité des personnes.